Si j’aime beaucoup les livres des littératures de l’imaginaire, j’aime aussi énormément les écrits plus sombre, plus trash et plus cru. J’aime donc particulièrement Virginie Despentes ou Charles Bukowski par exemple. J’avais trouvé ce recueil de nouvelles dans une boite à livres, du coup j’étais assez contente puisqu’il complète ma petite collection des livres de Virginie Despentes. Je pense que soit on aime, soit on déteste cette auteure. Ce qui est certain, c’est qu’elle ne laisse pas indifférent. Pour ma part vous l’aurez compris, je l’apprécie beaucoup. Elle n’a peut-être pas une plume séduisante et un style poétique, mais elle décrit des personnages vrais, des femmes qui souffrent, qui en bavent dans la vie, des femmes qui s’assument, qui sont humaines, qui sont moches, belles ou qui s’en battent les couilles, des femmes qui font des choix. Elle parle de la vie, la vraie, de façon percutante. J’ai commencé à lire Despentes avec King Kong Theory, un écrit qui s’apparente plutôt à un essai, que l’on m’avait recommandé dans un cycle de conférence à l’université sur la question du genre et du féminisme. Et j’avais été scotchée. J’ai tout de suite adhéré à tout ce que Despentes raconte, car ce qu’elle dit a du sens et est parfaitement logique selon moi. Elle ne se prend pas la tête, elle se fiche des conventions et de ce qui est établit. Évidemment sa vision irrévérencieuse ne plaira pas à tout le monde mais pour ma part cela m’a donné envie d’en lire plus de cette autrice. Je recommande donc beaucoup ce petit essai.
Revenons à notre livre, Mordre au Travers. On a ici un recueil de nouvelles publiées entre 1994 et 1999. Cela représente donc les débuts de Despentes dans l’écriture, même si elle publie d’autres romans dans les années 90 qui connaîtront un certain succès. Je pense que quelqu’un qui souhaite découvrir cette auteure ne devrait pas commencer par ce recueil de nouvelles, aussi petit soit-il. Moi je l’ai bien aimé, mais quelqu’un qui ne connait pas l’auteure n’y verra que des nouvelles trash, gore, sordides, malaisantes, obscènes et grotesque qui n’ont d’autre but que de choquer. C’est peut-être vrai, mais pour ma part, j’aime parfois lire ce genre de choses.
On y retrouve donc 11 nouvelles, très courtes, qui se lisent très vite. Elles tournent autour de meurtres, de viols, de terrorisme, de violence, d’auto-mutilation, de passion, d’amour, de haine, de dégout de soi, etc. Que des thèmes très difficiles. Les voici :
- Je te veux pour moi
- Domina
- Sale grosse truie
- Balade
- Lâcher l'affaire
- À terme
- Comme une bombe
- L'ange est à ses côtés
- Blue Eyed Devil
- Fils à papa
- Des poils sur moi
Ces nouvelles, assez difficiles à lire, sont crues et dérangeantes. Ça ne sera pas fait pour tout le monde, mais vous commencez à le comprendre. La plus marquante est sans doute Sale Grosse Truie, qui nous met dans la peau d’une femme obèse qui ne supporte plus son corps, s’insulte et finit par s’automutiler avec une violence inouïe. La pire nouvelle et la plus difficile à lire est À Terme où on y trouve une femme qui accouche seule et tue son bébé de façon effroyable.
À mon goût les nouvelles sont trop courtes pour permettre une réflexion sur les thèmes abordés d’où l’impression de certains lecteurs de ne pas savoir où toute cette surenchère de trash et de décadence mène. Et je suis assez d’accord, on voit bien qu’il s’agit des premiers pas de Virginie Despentes dans l’écriture. Cependant cela nous oblige à voir une certaine réalité. Même si certaines nouvelles sont poussées à l’extrême, il y a toujours une part de réalisme fulgurant chez Despentes et c’est sans doute pour cela que ces écrits suscitent autant de polémique à chaque publication. Pour ma part j’ai aimé cette lecture, je la recommande à ceux qui connaissent et aime cette auteure, qui n’ont pas peur d’être choqués et veulent découvrir tout son travail. Pour les autres, je conseille de passer son chemin et de découvrir l’auteure avec d’autres livres.
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