En ce début d’année j’ai enfin pu découvrir la plume de Pierre Pevel avec le premier tome de sa trilogie du Paris des Merveilles, une saga de fantasy historique se passant dans un Paris alternatif du début du 20ème siècle. Dans cette ville aux influences steampunk on suivait Griffont, un mage membre du cercle Cyan embarqué dans une enquête de trafic d’objets enchantés et de meurtres le conduisant à bon nombre de péripéties et croisant des créatures magiques et des personnages hauts en couleurs comme la baronne de Saint-Gil. Ce premier tome était excellent, efficace, avec une plume fluide bourrée d’humour et j’avais hâte de poursuivre cette série.
Dans ce tome 2 on se retrouve quelques mois après les évènements du premier opus alors que Louis Denizart Hippolyte Griffont va encore trouver le moyen de se retrouver au cœur d’incidents troublants et dangereux. Un mage noir surgi du passé terrorise la ville et semble préparer un plan dont Griffont et Isabelle de Saint-Gil vont tenter de percer les secrets, s’ils arrivent à se mettre d’accord.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce tome 2 n’est pas la suite directe du tome 1 pour lequel l’histoire et l’enquête a été résolue. Si on retrouve bien nos personnages c’est pour une nouvelle enquête, de nouveaux enjeux et un moyen d’en apprendre plus sur le monde fascinant créé par Pierre Pevel. Pour ma part j’ai adoré cette lecture et me plonger dans une nouvelle histoire sans avoir à me remémorer tout ce qu’il s’était passé dans le tome précédent, en dehors des personnages. Pour mieux comprendre les enjeux des évènements se déroulant en 1909, le présent de l’histoire, l’auteur va intercaler quelques chapitres qui nous plongent plusieurs centaines d’années en arrière, au siècle des Lumières en 1720. À ce moment-là, l’Outremonde est encore secret et les humains n’ont pas connaissance des créatures et de la magie, aussi l’ambiance est-elle assez différente du reste du roman avec un petit côté aventure de cape et d’épées. Ce retour dans le passé va nous permettre d’en apprendre plus sur l’Histoire de l’Outremonde et notamment sur la guerre qui a opposé les fées et les dragons. De la même façon on découvre la rencontre entre la baronne de Saint-Gil et Griffont ainsi que leurs identités secrètes ce qui nous permet de mieux comprendre leur relation tumultueuse et grand-guignolesque. Ces chapitres dans le passé ont une vraie utilité et permettent de donner plus de corps à l’Outremonde et de nous aider à comprendre le fonctionnement des cercles Incarnat et Cyan auquel appartient Griffont.
Elle se nommait Aurélia, avait bien d'autres noms sur Terre, et deviendrait un jour la baronne de Saint-Gil. Elle était une fée et jouissait à ce titre d'une élégance innée, d'une beauté rare et d'une assurance sans faille. Les lecteurs qui la connaissent déjà savent qu'elle ajoutait à ces qualités un caractère de cochon.
Concernant la narration et la construction du récit, on reprend le même fonctionnement d’enquête que dans le premier tome avec une succession d’actions qui ne semblent pas liées au premier abord pour finalement se résoudre et se connecter dans le dénouement. De quoi nous tenir en haleine tout le long du roman, d’autant plus que l’auteur se plait à nous taquiner et à nous faire des frayeurs avec ses personnages auxquels on s’est bien évidemment attaché. Car les personnages de Pierre Pevel ont une vraie personnalité et fonctionnent vraiment bien. Le duo Griffont/Isabel a une bonne alchimie et on est agréablement surpris que leur histoire d’amour soit aussi originale et sorte des sentiers battus. Ce second tome amène également son lot de nouveaux personnages avec notamment des clins d’œil à la littérature et aux légendes arthuriennes dans l’apparition fugace d’Arsène Lupin, des Brigades du Tigre et même de Merlin. S’ajoutent à cela de nouvelles créatures magiques comme les Minimets ou les Dragons et on obtient un roman toujours plein de surprises et addictif. Enfin l’humour savoureux de Pierre Pevel vient dédramatiser des situations parfois très sombres et on apprécie grandement une scène de crêpage de chignon entre la baronne de Saint-Gil et la magicienne Cecile de Brescieux.
Me pardonnerez-vous, chers lecteurs, de vous avoir donné à croire le contraire ? Sachez cependant que je ne vous ai jamais menti.
Ce deuxième tome ne fait donc pas figure de transition mais propose une nouvelle histoire passionnante, une nouvelle enquête pleine de rebondissements qui trouve encore sa résolution sans nous laisser sur notre faim. La grande force de cette série et ce qui la rend si rafraichissante c’est le contexte, les personnages, les lieux visités et la Belle Époque. Cette histoire nous amène encore son lot d’aventures, de péripéties, de mystères et surtout d’enquête, de quoi rendre curieux les amateurs de littérature policière et de romans de cape et d’épées. On s’attend donc à un troisième tome qui propose une autre enquête et une conclusion à cette trilogie riche, rythmée et pleine d’humour et que j’ai hâte de pouvoir lire.
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