Dix ans après Iron Man, les studios Marvel nous proposent leur 18ème film : Black Panther. Dès la promotion du film, une promesse s'est installée. Si le film fait partie de l'Univers Cinématographique Marvel, et doit donc respecter une certaine continuité et quelques règles par soucis d'homogénéité, le ton avait l'air différent, les enjeux plus originaux et le contexte dépaysant. En plus de ça, Black Panther était attendu avec son réalisateur, Ryan Coogler, et son casting qui devaient nous offrir le premier film solo de l'ère moderne d'un super-héros noir. Les optimistes attendaient une révolution, tandis que les plus sceptiques redoutaient un film redondant à mi-chemin entre le quota représentatif et la blaxploitation.

Affiche de Black Panther

Suite aux événements de Captain America: Civil War qui ont vu le roi T'Chaka, le père de T'Challa mourir, ce dernier rentre au Wakanda pour reprendre le trône et définir la direction que doit prendre la politique de son pays vis-à-vis du monde extérieur tout en continuant à unir les tribus qui le composent. Des difficultés vont vite se rajouter puisque T'Challa va devoir sortir les griffes de Black Panther pour faire face à un ennemi de toujours, Ulysses Klaue, mais aussi au mystérieux Killmonger.

Le film se démarque des histoires habituelles des autres productions Marvel puisque la question politique est au centre. On va suivre T'Challa prendre ses marques en tant que nouveau leader et choisir s'il doit ouvrir son pays et faire profiter le monde des avancées technologiques liées au vibranium ou rester éloigné et caché comme ce fut le cas depuis la création du Wakanda. Parallèlement, on assiste à la construction en miroir du deuxième point fort du film, le principal antagoniste, Killmonger. Plutôt éloigné des méchants classiques, on va se prendre d'affection pour le personnage incarné à la perfection par Michael B. Jordan, on comprend ses motivations et on ressent sa détresse, d'autant plus que la condition des afro-américains abordée dans le film est une question de société des plus actuelles. Cependant, les limites se font sentir dans une seconde partie trop rapide où tout se dénoue facilement et avec beaucoup de non-dits.

L'humour, caractéristique importante et souvent décriée des films Marvel, est finalement en retrait et Ryan Coogler arrive à trouver un bon équilibre entre sérieux et légèreté. Mais là encore, certains désamorçages comiques dans la deuxième moitié du film sont finalement malhabiles et contribuent à accentuer une sensation de facilité.

La présence d'un excellent casting renforce également le film en ajoutant une galerie de personnages intéressants. On remarquera surtout Okoye (interprétée par Danai Gurira, Michonne dans The Walking Dead) et Nakia (Lupita Nyong'o) en femmes fortes, ainsi que Forest Whitaker dans le rôle de Zuri, toujours convaincant en mentor. On regrette d'ailleurs de ne pas avoir une intrigue qui utilise plus ces personnage, surtout celui de W'Kabi interprété par Daniel Kaluuya (Get Out). Il est aussi amusant de noter que le casting étant quasiment exclusivement noir, les deux seuls personnages blancs deviennent des menaces aux allures historiques. Ulysses Klaue, cabotinement incarné par Andy Serkis, représente le voleur pillard qui n'accorde que peu de valeur à la culture wakandaise et le Everett K. Ross de Martin Freeman représente la potentielle ingérence américaine.

Black Panther arrive parfois à nous transporter au Wakanda grâce aux musiques de Ludwig Göransson pleines de percussions et de sonorités tribales tandis que Kendrick Lamar a spécialement produit un album dont certains morceaux se retrouvent dans le film. Certains paysages fonctionnent bien et quelques plans nous permettent de voir l'architecture wakandaise qui, si elle peut avoir par moments des allures occidentales avec quelques gratte-ciels, mélange un aspect futuriste avec une certaine harmonie avec la nature et une conception intelligente qui rappelle celle de Masdar City, où l'objectif est de limiter la consommation d'énergie et l'empreinte environnementale. Malheureusement, la grande majorité des fonds verts vient souvent gâcher visuellement le film avec des effets spéciaux assez peu travaillés, notamment les parties en costume intégral de Black Panther. Les chorégraphies des combats sont également pauvres malgré une bonne volonté dans la réalisation. Comme avec un (faux) plan séquence plutôt intéressant à suivre, mais qui pâtit sur le plan de l'action.

Black Panther est un bon divertissement superhéroique qui, s'il ne révolutionne pas le genre, développe des thèmes intéressants et profite sa notoriété pour poser certaines questions au grand public. Le film arrive à proposer du contenu inédit, porté par des acteurs incarnant sérieusement leurs personnages, mais tombe trop souvent dans la facilité que ce soit dans son dénouement ou dans la médiocrité de ses effets visuels. En tout cas, rendez-vous fin avril pour Avengers: Infinity War !

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