Ça fait un bon moment qu'on ne se reconnait plus dans le cinéma français, en particulier dans ses films grand public. Pour autant, on ne le boude pas et on reste toujours au courant des nouvelles sorties, guettant les bonnes surprises. C'est pour ça qu'après avoir adoré Ghostland, on est allé voir Dans La Brume, une production franco-québecoise qui attire le regard tant elle dénote dans le paysage cinématographique français et qui apporte un regard différent sur le film catastrophe.

Affiche du film Dans La Brume

Paris, dans un futur proche : Mathieu et Anna vivent avec leur fille Sarah, souffrant du très rare syndrome de Steamberger, qui est contrainte de vivre dans un caisson de verre qui filtre l'air. Suite à un tremblement de terre, une mystérieuse brume extrêmement nocive sort de terre qui recouvre les rues de la capitale et s'infiltre dans les appartements. Les parents arrivent à se réfugier à l'étage, laissant leur fille à l'abri dans sa bulle... qui va bientôt manquer d'énergie.

Si le résumé et la bande-annonce font penser à The Mist (Brume) de Stephen King, la ressemblance s'arrête à la brume mortelle. La nouvelle de King et la série qui l'adapte abordent les thèmes des peurs et de l'introspection individuelle tandis que Dans La Brume développe principalement la dynamique familiale et parentale ainsi que le passage des générations.

On va suivre Mathieu et Anna qui doivent s'occuper de leur fille à distance et chercher des solutions pour apporter des batteries à son dispositif. La menace omniprésente de la brume et le temps qui joue en permanence contre les protagonistes apporte une tension qui est bien gérée dans le film. L'utilisation de la technologie appuie sur le côté générationnel avec les personnes âgées qui possèdent des objets archaïques, les parents quadragénaires utilisent la technologie moderne tout en aidant leurs aînés avec leur vieux poste de radio et pour finir, la jeune fille utilise les mêmes outils que ses parents mais en les exploitant à leur plein potentiel. On assiste à des dialogues et à des réflexions intéressantes sur le thème central de la famille ainsi qu'à des moments très intenses bien rendus par les acteurs, justes, en particulier Romain Duris. Bien sûr, on ne peut s'empêcher de voir une dimension écologique dans cette brume qui vient directement de la Terre qui semble être un processus de purification à la manière du mythe du Déluge.

Le film jouit d'un belle direction artistique avec ses tons chauds typiques du genre post-apocalyptique. On apprécie la brume, tantôt réelle, tantôt en CGI, qui permet un jeu de lumière et qui apporte quelques beaux effets. La réalisation est globalement efficace et, même si certaines scènes d'action manquent parfois de dynamisme, on a droit à des plans assez travaillés, parfois poétiques ou contemplatifs. Le rythme est bien dosé : après une courte exposition qui place bien le contexte, la brume se met rapidement en place et on enchaîne les idées et les péripéties pendant une petite heure et demie sans jamais s'ennuyer grâce à des personnages qui préfèrent être actifs et agissent dès le début plutôt que d'attendre et de prendre le risque que la situation n'empire. Le québecois Daniel Roby nous offre une mise en scène référencée, on notera l'influence de Titanic ou de Gladiator sur certains passages, aussi bien dans la forme que le fond. Il faut souligner le travail effectué sur le son et la musique qui œuvrent de concert pour créer un véritable sentiment d'immersion. Il est également intéressant de voir l’esthétique post-apocalyptique se construire brique par brique au fil du film avec le personnage de Mathieu qui change rapidement d'apparence pour devenir de plus en plus sale et qui récolte du matériel et des vêtements.

Dans La Brume est une de ces initiatives trop rares dans l'industrie audiovisuelle française qu'il faut absolument soutenir, pas parce c'est un cahier des charges alléchant, mais tout simplement parce qu'il s'agit d'un bon film. Porté par un casting investi et un travail visuel et sonore soigné, le film nous plonge dans une histoire humaine où survie et famille se mêlent aussi concrètement que métaphoriquement. Dans La Brume est encore à l'affiche dans certains cinémas et la prochaine sortie française qui nous fait envie est le Mutafukaz de Run et Shōjirō Nishimi.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *