Pierre après pierre, film après film, l'univers cinématographique de Marvel Studios s'est construit et enrichit pendant 10 ans et 18 films. Depuis mercredi, il est menacé dans un nouveau film aux enjeux bien plus importants. En bons amateurs, nous sommes allés voir Avengers: Infinity War le jour J à la première séance de la journée avec beaucoup d'attentes et pleins d'espoir. Un seul spoiler dans cet article : on a adoré.

Affiche de Avengers Infinity War

Le titan Thanos a pour but de réunir les six Pierres d'Infinité qui, rassemblées, offrent un pouvoir incommensurable à son porteur. Alors que Thanos et ses lieutenants s'en prennent à la Terre, les Avengers doivent s'unir avec les héros terrestres et les Gardiens de la Galaxie pour espérer le contrer.

Après avoir installé le grand vilain en la personne de Thanos depuis 2012 dans Avengers, fait planer son ombre sur les films suivants et disséminé les gemmes de pouvoir dans une chasse au trésor cinématographique, il était temps de concrétiser le tout à l'écran dans un événement de grande ampleur ! On a ici un film chorale minutieusement exécuté, l'exercice est difficile et beaucoup s'y sont déjà cassé les dents, comme Warcraft, tandis que d'autres peinent à convaincre la majorité, à l'image de Star Wars : Les Derniers Jedi. Ici, les personnages éparpillés dans différents lieux reçoivent l'attention nécessaire pour suivre l'histoire de bout en bout sans se sentir lésé sur certaines intrigues. Le montage renforce cette narration et on a enfin l'impression de ne pas avoir un film découpé à la hache par le studio comme c'était le cas pour Avengers : L'Ère d'Ultron où des pans entiers étaient passés sous silence donnant lieu à un film bancal. Les points de vue s'enchaînent naturellement et toutes les intrigues sont correctement développées, même si on pourra regretter une poignée de scènes un peu rapides. Parmi ces intrigues, c'est celle de Thanos qui était la plus délicate, mais nous avons droit au vrai méchant qui manquait dans l'univers cinématographique Marvel (ou MCU pour les intimes). Faisant suite aux récents antagonistes du studio, de plus en plus intéressants, le titan possède une profondeur d'écriture dans son personnage et on constate même une évolution à l'intérieur même du film alors qu'il poursuit sa quête. Thanos est un méchant nuancé qui a droit à suffisamment d'exposition pour qu'on comprenne ses raisons et ses motivations, sans forcément avoir à les embrasser.

Le film n'échappe pas à la touche Marvel Studios qui divise le plus : l'humour. Cependant, s'il est forcément présent, il est bien mieux dosé que dans la majorité des autres productions du studio. Il sert principalement à désamorcer les passages dramatiques qui sont nombreux et plus intenses à cause des enjeux importants. Si Infinity War reste néanmoins un film de super-héros sans seconde lecture et avec peu de thèmes secondaires abordés, il fait la part belle à la mythologie du MCU construite depuis une décennie. Bien sûr comme tout film de rassemblement de super-héroïque, il passe évidemment par la case de l'affrontement entre héros. Mais, là encore, ça reste bien dosé et finalement le choix le plus logique.

Déjà aux commandes des deux derniers films consacrés à Captain America, les frères Anthony et Joe Russo expriment enfin leur potentiel au delà du cahier des charges imposé. Ils jouent avec les personnages et les concepts du MCU, déconstruisant et reconstruisant. Ils gèrent à merveille l'utilisation des super-héros de la maison en respectant les personnalités établies, la continuité en place et arrivent à intégrer les différents univers dans une œuvre unique sans qu'elle ait l'air d'un patchwork mal cousu. Les frères Russo ont suffisamment gagné la confiance du studio pour ajouter en profondeur leur style, qu'on avait découvert au Pugoscope avec la série Community, et leur fameuse gestion des références, qu'elles soient internes au MCU ou à la Pop Culture en général. Les deux compères ont bien travaillé et arrivent à réunir les différentes échelles de pouvoir dans des scènes où les super-héros se côtoient sans qu'on ait l'impression que certains soient dispensables. On a aussi droit à des moments très ludiques de synergie de groupe avec une mise en scène intéressante sur le travail en équipe. Preuve de plus que les Russo aiment sincèrement ce qu'ils font : ils nous offrent quelques beaux plans bien composés et font un très bon travail sur l'iconisation des personnages.

Côté musique, Alan Silvestri revient à la barre après avoir posé en 2012 le seul thème musical mémorable du MCU et nous livre une partition à la hauteur de son talent. Reprenant les fameuses notes avec lesquelles il a définit l'identité musicale des Avengers, il œuvre de concert avec l'image pour renforcer l'iconisation des personnages en dégainant crescendo le thème frissonnant de manière à marquer chaque point culminant. Mais là où le talent du compositeur ressort le plus, c'est lorsqu'il doit illustrer les différents univers abordés dans le film avec des compositions marquées et entièrement originales, ne reprenant qu'une seule fois le thème créé par Ludwig Göransson pour le Wakanda de Black Panther. On notera également l'effort sur les effets visuels qui remontent largement en qualité et qui améliorent la lisibilité des scènes d'action par rapport aux dernières productions estampillées Marvel Studios, même si ça pêche encore par moment sur certaines incrustations et quelques fonds verts un peu trop visibles.

Préparation titanesque et enjeux colossaux, le film est à la hauteur de l'attente... Pour qui a de l'attente. Avec un important travail sur sa mythologie, Avengers: Infinity War est un excellent film dans le registre super-héroïque le plus pur, avec les limites inhérentes à cette pureté qui empêche du coup l'inclusion de styles différents. Tous les personnages y sont traités avec le même respect quel que soit leur camp et les frères Russo nous montrent ainsi ce qu'est la définition du bon fan service. Si le film possède trois actes distincts, un début et une fin, il est clairement fait pour fonctionner avec sa suite qui sortira dans un an. Mais peut-être que d'ici là, on aura eu quelques éléments de réponse dans les deux films qui sortiront entre temps. Avengers: Infinity War est à l'affiche dans les cinémas depuis cette semaine.

P.S. : le film comporte une scène située à la toute fin du générique.

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