Super-héros à part dans le catalogue de Marvel, Deadpool avait su tirer son épingle du jeu lors de son premier film sorti en 2016 qui mélangeait hyper violence, parodie du genre, humour décalé, langage déplacé et références méta à foison. Ce premier opus avait été une véritable bouffée d'air frais dans l'industrie cinématographique super-héroïque et avait poussé les studios à considérer des films Rated R (la classification qui interdit aux moins de 17 ans d'aller voir un film sans être accompagné) comme Logan, là où les productions habituelles estampillées Marvel et DC se cantonnaient au familial PG-13. Les défauts du premier film consacré au mercenaire disert tenaient principalement en deux points : la qualité des effets spéciaux liée à son petit budget et ses limites lorsqu'il embrasse un peu trop les codes dont il se moque. Avec le double de budget et deux ans de recul, on attendait impatiemment Deadpool 2 !
La vie suit son cours lorsque Cable débarque du futur pour éliminer un jeune mutant avant qu'il ne devienne un dangereux criminel. Pour l'arrêter, Deadpool va recruter des mutants aux pouvoirs variés afin de former une équipe de choc : la X-Force !
L'autoroute de l'humour
D'emblée, on se rend compte que Deadpool 2 reste fidèle à la direction établie dans le film précédent et cherche à pousser les limites encore plus loin. L'humour y est omniprésent et dans un style similaire, les personnages se balancent des vannes à la pelle, les amateurs de calembour seront ravis, ceux qui préfèrent les jeux de mots foireux ne seront pas en reste non plus. Face à une telle avalanche il était prévisible, mais pas moins dommage, que certaines blagues tombent à l'eau en poussant la vulgarité enfantine un poil trop loin et, malgré un travail indéniable, la version française ne peut pas non plus rendre honneur à toutes les répliques. L'humour méta y est bien exploité, parfois même avec une finesse inattendue, et si le film tacle aussi bien la Fox que les studios concurrents, il se permet également de décortiquer certaines techniques scénaristiques de manière rafraichissante.
Les références à la pop culture sont légion, mais contrairement à Ready Player One, elle servent l'humour bien plus que l'intrigue. Et pourtant, certains ressorts de mise en scène sont basés dessus pour appuyer un côté dramatique avec une chanson particulière ou pour mélanger l'épique et la comédie avec des répliques surprenantes. Le film joue avec des situations établies dans le premier film (vous aviez aimé la main de bébé ?) et s'auto-référence à commencer par le générique d'ouverture qui reprend le concept de remplacer les noms par des courtes blagues dans une mise en scène très stylisée qui rend hommage tout en parodiant ceux des films James Bond sur une musique originale de Céline Dion.
Deadpool: Infinity Cast
Comme pour symboliser les pouvoirs de Deadpool, la narration du film est basée sur un incessant cycle de destruction et de reconstruction. Si cet effet s'applique principalement au mercenaire verbeux, il touche également les autres personnages et affecte la synergie de groupe pour donner un résultat final très intéressant à suivre, plein de surprises et qui aborde des thèmes chers à la mythologie des X-Men sur l'utilisation des pouvoirs et la vie de paria dans une société méfiante.
Ce deuxième volet bénéficie d'un budget doublé par rapport à son prédécesseur et se permet par conséquent d'être généreux en personnages secondaires. On retrouve Ryan Reynolds, toujours à fond en Deadpool, accompagné des anciens du premier film dans des rôles efficaces, de nouvelles têtes qui sont recrutées pour former la X-Force après un casting digne de Mystery Men avec notamment Terry Crews en Bedlam ou Bill Skarsgård (le clow Pennywise dans le récent Ça) qui joue ici Zeitgeist. Mais les deux nouveaux ajouts les plus performants sont Cable (Josh Brolin aka Thanos dans Avengers: Infinity War) et Zazie Beetz (vue dans la géniale série Atlanta) dans le rôle de Domino. Emmenés par David Leitch, le co-réalisateur de John Wick, ils nous offrent des scène d'actions dantesques avec des chorégraphies de combats travaillées dont la seule limite reste, malgré tout, des effets spéciaux pas toujours au niveau.
Comme tout bon film qui joue à fond la carte de la référence, Deadpool 2 possède une galerie bien fournie de caméos qui fera plaisir aux amoureux d'easter eggs et à ceux qui ont la capacité de ne pas cligner pendant deux heures parce que certains sont très furtifs... ce qui les rend d'autant plus impressionnants ! Peinture sur un mur, personnages dans un couloir, acteur inattendu ou grimé, le travail de coordination est impressionnant et donne un résultat des plus plaisants. Ce n'est pas un secret, ce film n'est toujours pas celui qui réunira les fameux mutant canadiens que sont Deadpool et Wolverine, mais vous pourrez vous consoler avec une scène post-générique hilarante et cathartique.
Deadpool 2 est le digne frère de Deadpool : toujours aussi barré, plus grand, plus gros, à la fois moins et pourtant plus surprenant. Avec son budget plus conséquent, le film se paie un ensemble de personnages qui fonctionne bien et des effets spéciaux améliorés mais pas toujours au top. Avec sa bonne ambiance sublimée par un bon choix de musiques et son humour qui tape un peu partout, Deadpool 2 fait une fois de plus figure de rafraichissement bienvenu dans le cinéma super-héroïque, surtout après le ton dramatique d'Avengers: Infinity War. Deadpool 2 est actuellement à l'affiche en salles !
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