Grosse surprise du début d'année, The End Of The F***ing World s'est rapidement imposée et a su conquérir le public grâce à sa diffusion sur Netflix après être passée sous les radars en octobre 2017 sur Channel 4 (Black Mirror). Si vous êtes passés à côté, nous ne pouvons que vous conseiller de regarder cette série qui adapte le roman graphique écrit par Charles Forsman qui porte le nom non censuré de The End Of The Fucking World.
James est un adolescent de 17 ans en plein questionnement, ils se demande s'il est un psychopathe parce qu'il ne ressent rien. Il tue des animaux et va même jusqu'à mettre sa main dans une friteuse, mais rien ne se déclenche en lui, il se sent irrémédiablement vide. Il va donc viser plus haut en cherchant à tuer un être humain... Il va rencontrer Alyssa, une adolescente rebelle qui vit dans une famille recomposée dysfonctionnelle. Les deux vont se lier pour finir par fuguer ensemble et parcourir l'Angleterre pendant que James continue à préparer son plan pour assassiner Alyssa.
Dès la présentation des deux personnages principaux, on s'attache rapidement à eux et aux acteurs qui les incarnent. Heureusement, car la série est centrée sur la question de l'adolescence sans pour autant tomber dans les clichés des productions pour ado mielleuses.
Ici, l'écriture est de qualité : on alterne entre cynisme et humour noir qui instaurent une ambiance sombre, et des moments plus légers et drôles, souvent touchants. Les dialogues apportent leur lot de saveurs et renforcent l'impression de naturel de la série et appuient son côté très irrévérencieux.
Le maître mot qui ressort après visionnage, c'est la justesse que dégage The End Of The F***ing World. Elle dépeint des ados troublés avec des problèmes de famille, plausibles et représentatifs de notre époque et d'une jeunesse troublée.
Le jeu sur l'équilibre entre les personnages est très intéressant à suivre puisqu'on a d'un côté Alyssa qui va dire tout ce qu'elle pense sur le ton agressif des personnes blessées, et de l'autre James, beaucoup plus taciturne. Mais, s'il parle peu, ses expressions et ses pensées nous en apprennent énormément sur sa vision des choses qui contrebalance son attitude froide et renfermée. Cette alchimie est d'autant plus amusante qu'on nous propose, en voix off, leurs points de vue personnels qui vont nous en apprendre plus sur leur manière de penser et leur réactions face aux événements qui sont souvent déroutantes.
La série adapte et joue avec les codes du road movie, on suit les deux adolescents dans un voyage qui enchaîne les péripéties variées et les rencontres inattendues dans une Angleterre très froide, presque sale. La série bénéficie d'un très bon rythme où tout se déroule naturellement sans qu'on ait le temps de s'ennuyer et nous emmène dans des directions souvent inattendues. En plus, on suit en décalage la progression des deux policières chargée de retrouver les fugueurs qui vont parcourir le même chemin.
Encore une excellente série en provenance de Channel 4 qui nous offre un regard aussi décalé que juste sur l'adolescence. Portée par un casting attachant, la série possède une jolie direction artistique appuyée par de bonnes musiques. Ce road movie adolescent ne s'arrête jamais et son écriture crée habilement un décalage entre la gravité de la situation globale et les pointes d'humour qui reflètent bien l'insouciance de la jeunesse vis-à-vis des problèmes. Si vous êtes convaincus, The End Of The F***ing World est toujours disponible sur Netflix.
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