En 2017, je me lançais enfin dans une des sagas de fantasy les plus vastes, drôles et incontournables qui existent : Les Annales du Disque Monde du regretté Terry Pratchett qui compte pas moins d’une trentaine de tomes pour cette série parodique à l’univers si riche et fascinant, de quoi tenir de longues années de lectures savoureuses. J’avais bien évidemment adoré le tome 1, La Huitième Couleur où on nous propulsait dans un monde en forme de disque, posé sur quatre éléphants, eux-mêmes reposant sur le dos d'une tortue géante cosmique, A’Tuin. On y suivait alors Rincevent, un magicien tout sauf doué pour la magie qui se retrouvait à devoir protéger Deuxfleurs, un touriste naïf ayant tous les défauts d’un touriste. Ensemble, les péripéties leurs tombaient dessus à chaque page et l’humour subtil et plein de jeux de mots de Terry Pratchett était bien au rendez-vous. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai entamé ma lecture de la suite de la saga avec Le Huitième Sortilège. Bien que dans cette série on ait énormément de personnages et d’histoires différentes et indépendantes, ce tome 2 est la suite directe du premier, de quoi nous ancrer aisément dans l’univers sans nous perdre.

Terry Pratchett Le Huitième Sortilège

On retrouve donc notre magicien Rincevent, le touriste Deuxfleurs et son irremplaçable Bagage, un coffre à pattes alors qu’ils sont en fâcheuse posture comme toujours. De nouveaux personnages viennent leur prêter main forte comme le vieux Cohen Le Barbare, un octogénaire mal en point mais qui reste le plus grand héros de tous les temps pour tenter de contrer les funestes projets de Trymon l’enchanteur maléfique pendant qu’une étoile rouge menace de percuter le Disque-Monde. Le temps est ainsi venu pour Rincevent d’utiliser le fameux huitième sortilège, le seul qu’il ait dans le crâne pour tous les sauver…

Deuxfleurs était un touriste, le premier de l’espèce à évoluer sur le Disque, et son existence même reposait sur la croyance dure comme fer que rien de mal ne pouvait vraiment lui arriver parce qu’il n’était pas concerné ; il croyait aussi que tout le monde arrivait à comprendre ce qu’il disait à condition qu’il parle fort et lentement, que les gens étaient fondamentalement dignes de confiance et qu’on pouvait toujours s’arranger entre hommes de bonne volonté dès lors qu’on en appelait à la raison. Au vu de tout ça, il avait presque autant de chances de survivre que, disons, une sardine en savon, mais au grand étonnement de Rincevent ça semblait efficace, et la totale inconscience du petit homme devant toutes formes de dangers décourageait tellement les dangers en question qu’ils laissaient tomber pour aller voir ailleurs.

Bien que j’ai absolument adoré le premier tome du disque monde il n’était pas simple de rentrer dans l’histoire et de s’habituer au fouillis ambiant de l’esprit de Terry Pratchett. Beaucoup de personnages, un monde complètement loufoque, une absence de chapitres et un humour mordant à chaque paragraphe donnait du fil à retordre pour se laisser plonger dans le récit. Mais ce tome 2 se fait beaucoup plus fluide avec un fil conducteur bien plus traçable ce qui rend la lecture encore meilleure. J’ai donc encore une fois adoré ma lecture. Car on se retrouve encore une fois dans une histoire loufoque et pleine de rebondissements où nos deux personnages principaux vont rencontrer de nouveaux individus tous plus hauts en couleurs les uns que les autres, de Cohen Le Barbare à Herrena la harpie en passant par La Mort en personne que j’ai hâte de retrouver dans un plus grand rôle. Et bien sûr Les Annales du Disque-Monde ne seraient pas de la Light Fantasy sans une bonne dose d’humour à l’Anglaise, absurde mais hyper efficace de l’auteur. En dehors des jeux de mots hilarants parfaitement retranscrits par le travail titanesque du traducteur Patrick Couton, qui a d’ailleurs été récompensé pour cela, Terry Pratchett nous délivre un humour parfois subtil en se jouant des codes de la littérature de l’imaginaire et notamment de l’Héroïc Fantasy. Car avant d’être un auteur, il a avant tout été un lecteur assidu possédant une certaine connaissance des ouvrages de fantasy dont il s’est nourri pour mieux en détourner les codes. Notamment dans sa façon de mettre un coup de pied dans notre vision de certaines espèces ou de certains archétypes de personnages, comme celui du barbare qui est ici chauve, édenté et borgne mais toujours superactif. Tout est fait pour nous surprendre et c’est réussi. Et si l’humour est omniprésent, Pratchett ne tombe jamais dans le graveleux ou l’humour lourd, mais nous propose toujours un humour travaillé. Et il n’en reste pas moins une histoire qui se tient du début à la fin avec des personnages qui évoluent, un univers riche porté par le souci du détail de l’auteur et même quelques thèmes de notre société y sont abordés en filigrane comme le monde des entreprises, l'informatique ou le fanatisme religieux.

Le petit vieux avait un cheval blanc. L’animal arborait un beau poil luisant et son image de magnifique cheval de bataille n’était qu’à peine ternie par le rond de siège pour hémorroïdes accroché à la selle.

On a donc ici un deuxième tome qui respire la fraicheur et propose encore une fois une histoire loufoque et haute en couleurs avec moult péripéties et personnages absurdes mais néanmoins attachants. Si vous aimez la fantasy, Terry Pratchett est un auteur incontournable qu’il faut avoir lu au moins une fois, et si vous avez un petit coup de blues, son humour saura vous redonner le sourire. Le troisième tome, La Huitième Fille est d’ores et déjà dans ma pile à lire et sera l’occasion de s’intéresser à une autre histoire et à d’autres personnages du disque monde. Après cette paire de tomes déjà excellents qui font figures d’introduction à l’univers de Terry Pratchett, aucun doute que la qualité des histoires du Disque-Monde va aller crescendo et proposer toujours plus d’histoires absurdes et génialissimes.

Allez, plus que 33 tomes !

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