Nous avions découvert Nùria Tamarit avec son travail sur l'adaptation libre en bande-dessinée du jeu du loup-garou Et le village s'endort..., cet été elle a sorti Géante aux éditions Delcourt et aujourd'hui elle revient en solo pour nous proposer sa propre version d'un des Contes de Grimm nommé Le Conte Du Genévrier.

Il était une fois une femme qui vivait près d'un genévrier. Elle est tellement désespérée de ne pas réussir à avoir un enfant qu'un jour d'hiver, alors qu'elle s'est maladroitement entaillé le doigt au pied du genévrier, elle fait le vœu d'avoir un enfant blanc comme la neige et vermeil comme son sang. De ce vœu, un petit garçon naît l'été suivant tandis que sa mère malade s'éteint, heureuse.

L'autrice a choisi d'adapter un conte très atypique et déroutant, mais s'il peut déstabiliser au premier abord, il s'inscrit cependant bien dans la continuité de la collection des Aventuriers De L'Étrange dédiée aux frères Grimm. On opère ici un glissement du merveilleux vers le fantastique et la morale est du conte est encore moins frappante que celle du Bal Des Douze Princesses. On se retrouve au final avec un conte très facile à lire qui nous offre une histoire bien définie grâce à un habile travail sur les ellipses. On va suivre le petit Wilhelm traité très durement par sa nouvelle belle-mère, mais qui trouve son bonheur en jouant avec sa demi-sœur avec laquelle il s'entend bien, jusqu'au jour où, incitée par le diable, la marâtre va ôter la vie au garçon.

Dans ce conte, la mort n'est pas présentée comme une fin en soi. Bien sûr, on insiste sur la cruauté du geste et le caractère impardonnable de ce crime, mais l'acte est dessiné de façon tout public afin qu'on comprenne que ce qui se passe n'est pas un événement anodin mais qu'il n'a pas exactement le même sens que dans la vie réelle. Cette mise en scène a d'autant plus de sens qu'elle sert le récit puisque Wilhelm renaît peu après sous la forme d'un oiseau, donnant un sens non-définitif à la mort. C'est justement cet acte qui est le point central du conte à partir duquel les thèmes abordés en découlent. Nùria Tamarit utilise ce conte, dans lequel il n'y a pas de morale écrite noir sur blanc à la fin, pour nous parler de nos pulsions et de céder à ses démons intérieurs, du regret et de la gestion de la culpabilité lorsqu'on vit avec le poids d'un crime, et du fait que le mal appelle le mal quand une mauvaise action en appelle d'autres en cascade.

Nùria Tamarit - Le Conte du Genévrier - Page 4 (Les Aventuriers de l'Étrange)

Le fait d'avoir mis ce conte en images renforce également son côté vitrail, en particulier lorsqu'on aborde son aspect mythologique, voire biblique, avec le thème de la renaissance ou des idées classiques avec les innocents qui sont épargnés par les maux et la bonté qui triomphe du mal. D'autant plus que le style graphique de l'autrice colle parfaitement à ce type de conte avec un dessin assez pur et tout en rondeur accompagné de couleurs douces qui nous transportent dans le monde fantastique du conte.

Ce conte de Grimm atypique promet une légende d'un autre temps qui, si elle ne nous offre pas clairement une morale, nous permet de poser un regard différent sur certains thèmes intemporels et ce quelque soit notre âge. La narration fluide et le dessin léger viennent renforcer le côté tout public du conte, qui fera rêver les plus jeunes lecteurs tout en questionnant les plus agéris.

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